Obnubilés par les têtes d’affiche qui hantent le théâtre politique français depuis 40 ans, nous avions oublié que l’Histoire se joue toujours au détriment des certitudes et des évènements annoncés. Ainsi, la campagne présidentielle est-elle en train de prendre la place que l’histoire politique de notre pays voulait lui assigner, celle d’une élection singulière, inattendue et capitale, où il ne s’agit plus de choisir entre des projets politiques plus ou moins différents mais entre deux visions du monde devenues irréconciliables.
Loin de nous détourner des sujets majeurs, la crise que connait la droite et les soupçons qui pèsent sur François Fillon et Marine Le Pen, quant à l’organisation de systèmes d’emplois fictifs, ne sont que les dernières résurgences d’un modèle politique abandonné depuis longtemps à une bourgeoisie d’Etat devenue gloutonne et monopolistique. A ce titre, les carrières politiques de François Fillon, Alain Juppé, Benoit Hamon, Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, sont autant de symptômes d’un modèle qui a refusé toute remise en question et tout renouvellement depuis 40 ans. Soyons lucides, c’est de notre faute, car ce système s’est fondé sur notre propre indifférence à la chose publique, trop occupés que nous étions à batifoler dans le champs hallucinogène de la société de consommation devenue celle du spectacle.
Le fait que des millions de citoyens soient encore enclin à donner leur voix à des barons pris les deux mains dans le pot de confiture d’argent public, démontre d’ailleurs que nous n’en sommes pas encore sortis et qu’il reste une part non négligeable de la population pour continuer à confier les clés de notre avenir et celui de nos enfants à des statues plutôt qu’à des compétences.
Et c’est bien l’enjeu de cette élection, non plus choisir l’alternance, celle qui nous a conduit précisément là où nous nous trouvons, mais choisir entre l’alternance et l’alternative, choisir entre une France tournée sur son lointain et glorieux passé et ses anciennes pratiques et La France conquérante et ouverte, moteur de l’Europe et bateau-phare du monde.
Par la voix d’Emmanuel Macron, c’est d’abord une nouvelle génération qui se lève, une génération active et actrice de son pays, en pleine possession de ses moyens, en pleine connaissance du fonctionnement de notre société, de nos petites et grandes entreprises, de nos exploitations agricoles, de nos écoles, de nos hôpitaux, de nos transports, une génération en prise avec la réalité, celle qu’elle vit au quotidien, loin des mandats et fonctions politiques renouvelés dix fois, au mépris justement de la connaissance réelle d’un pays qui s’effondre sur lui-même.
Par le travail d’En Marche, c’est une nouvelle façon de faire de la politique qui s’est bâtie, plus horizontale, plus participative et finalement plus fraternelle. Loin des logiques pyramidales qui président au fonctionnement des vieux partis, où quelques techniciens s’abreuvent aux certitudes de quelques lobbies pour nourrir des programmes qui ne servent que le temps d’une élection, le projet d’Emmanuel Macron a été co-contruit avec ceux qui vivent au quotidien la réalité des sujets traités, pour donner corps à un modèle qui ne doit rien aux certitudes immobiles des idéologies partisanes. Avant de se demander si une idée est de droite ou de gauche, le pragmatisme nous impose de demander simplement si elle serait efficace.
Je viens de la droite républicaine et sociale, j’ai grandi avec cette idée que j’avais le droit et peut-être le devoir de mieux réussir que ceux qui m’avaient précédé, mais j’ai également compris au fil de mon parcours que notre République attendait justement de ceux qui avaient pu réussir qu’ils rendent à ceux qui avaient besoin d’être protégés. C’est la base de notre contrat social et aussi le cœur de notre Constitution, telle que de Gaulle l’a voulue, forte sur ses fondamentaux démocratiques, laïques et sociaux. Au-delà des divergences que nous pouvons connaitre sur telle ou telle mesure, ce qui nous rassemble est définitivement plus fort, plus essentiel, plus vital pour notre Nation que ce qui nous sépare.
Cependant, si les fondamentaux républicains sont immuables, le temps est venu pour ma génération de leurs donner la couleur et la forme d’un nouveau siècle qui s’ouvre, celles d’un nouveau pacte entre les citoyens et ses représentants, entre l’Etat et ses territoires et entre la France et l’Europe. Ce nouveau pacte s’appuie sur une plus juste répartition de la solidarité nationale et de nos systèmes de protection, une révolution de la pratique politique de manière à permettre l’émergence d’un nouveau mode d’engagement politique, une nouvelle approche alimentaire qui permette de rénover notre modèle agricole et de combler la fracture territoriale et enfin fonder l’Europe politique qui permettra de garantir la protection aux peuples européens et de participer à la prospérité de nos économies.
Le choix qui se présente à nous n’oppose pas deux générations, mais offre l’opportunité de pouvoir enfin donner à notre pays un Président qui soit de et dans son temps. Derrière Emmanuel Macron, une jeunesse marche depuis plusieurs mois pour mériter bientôt de «rentrer dans la carrière», comme le dit La Marseillaise, «quand ses ainés n’y seront plus», pas pour y rester, pas pour y régler tout, mais pour y faire sa part et y apporter sa pierre.
Je fais partie de cette génération qui, de chocs pétroliers en cracks financiers, n’a finalement connu que la crise et son cortège de défaillances économiques et sociales, celles-la même qui fragilisent aujourd’hui l’ensemble de notre modèle de société. Nous ne laisserons plus faire, nous ne détournerons plus le regard, nous ne laisserons plus à d’autres le soin de choisir les solutions pour nous et le 23 avril nous irons voter Emmanuel Macron pour dire que c’est à notre tour de tenter de bâtir un nouveau modèle français, et pour redonner à ce pays et à ce vieux continent l’ambition dont se nourrissent la fierté et l’espérance des peuples. Ce n’est pas une promesse électorale, c’est la promesse d’une génération.
Je partage votre analyse, et je vous adresse une mise en garde pour que vous réussissiez. Quelle mise en garde ?
En 2006-2007, salarié du privé, j’ai aussi fait l’analyse de la situation critique du pays, du claudiquent gauche /droite qui ne produisait plus rien de nouveau et de durable pour l’avenir. J’ai choisi d’adhérer au Modem pour construire des majorités d’idées, de projet et non de combat d’étiquettes. Et je peux vous assurer qu’aux premiers mois de 2007 la dynamique « société civile » était phénoménale, peut-être la même que celle que vous vivez aujourd’hui. Sauf que les historiques élus UDF ont rapidement bloqué tout changement, toute innovation, toute idée nouvelle, tout renouvellement d’équipe. Et petit à petit, dégouter les nouveaux pour revenir au statut quo d’un centre affidé à une droite qui partait toujours plus à droite mais peu importent les valeurs, tant qu’un poste était promis.
J’espère notre expérience malheureuse va vous servir contre les opportunistes professionnels de la politique, sans amour propre et sans mémoires des paroles données, qui agissent selon le sens du vent. La montée en puissance du mouvement En Marche ! de son leader, de sa probable victoire et l’éclatement inéluctable de la droite, pousse et poussera beaucoup d’élus à rejoindre E Macron, à s’engager pour organiser, à apporter des services, et au final et rebâtir une organisation ayant pour seul objectif de satisfaire leur ambition personnelle et donc à négocier des places… et scléroser la promesse d’une génération.
Bonjour,
Je partage absolument toute cette analyse, et depuis longtemps. Le travail qui nous attend sera long, il nous faut être exemplaires pour que ce que nous allons faire puisse donner l’envie d’une continuité à nos successeurs. Il nous faut être nombreux, car seul on ne peut rien. Il nous faut être convaincus plutôt que vouloir convaincre. Il nous faudra de la ténacité à la tâche qui nous attend. Pour nous-mêmes. Pour nos enfants. Pour les enfants de nos enfants. Il va falloir faire face à toutes les critiques. A tous les quolibets, que l’on récolte quasi systématiquement à notre époque lorsque l’on parle de bienveillance, de la part de toutes ces personnes qui n’y croient plus, aux vertus de cette bienveillance. Courage, travail et cohérence.
Et surtout enthousiasme !
Je nous souhaite le meilleur
Fabienne
Je suis de la génération des « Trente glorieuses » mais, j’en ai également assez de ces caciques de la politique, experts en promesses de tous genres. Je vais aller vers Macron en espérant enfin faire changer le système et enfin redonner le moral à tous les Français et redonner de la compétitivité à nos entreprises.
Si les 5 qui sont cités ne sont pas la solution, Macron ne l’est pas non plus. Il est au mieux le disciple de Hollande, au pire son mentor, ce que je crois plus vraisemblable, tant Hollande est nul (jusqu’à ne même pas pouvoir appliquer les directives de Macron, sauf la dernière: renoncer à un nouveau mandat). Comment ne pas comprendre que Macron est le choix du « système », c’est à dire de cette classe politique dépassée, de connivence entre gauche et droite (voir les décisions prises en catimini, telles celle des nouvelles règles de désignation des candidats), qui n’a plus qu’un objectif, celui de faire de la politique un métier à vie, et vivre au crochet de la société, sans même réaliser qu’elle lui est redevable. Macron est le représentant idéal de cette « caste »: jeune, beau, beau parleur, envouteur, mais surtout très bien soutenu par un marketing très élaboré financé par on ne sait qui… Il se place au milieu de cette mêlée, ni au centre, ni à gauche, ni à droite, de façon à garantir à tous la pérennité du système. Et surtout ne pas risquer de trop visibles ralliements de la gauche et de la droite, le centre n’ayant aucune importance puisqu’il n’existe plus.
Et que promet-il ? « je vous écoute et je ferai ce que vous me dites », mais quoi, comment, pourquoi, pour qui ? et surtout aucune vision de long terme pour la France…