Voilà, c’est fait. Dans quelques jours, Emmanuel Macron sera le 8ème Président de la Vème République. Je ne vous dirais pas que je ne suis pas surpris, que je l’ai toujours su ou que je vous l’avais bien dit. Non, bien au contraire, au moment du lancement d’En Marche, même après sa démission du gouvernement et jusqu’à sa déclaration de candidature, j’ai longtemps fait partie des sceptiques. Même après avoir pris la décision de le rejoindre et de lui apporter mon soutien, j’ai toujours pensé que ce serait une belle aventure, mais pas qu’elle serait victorieuse.
Cette victoire c’est d’abord celle d’une incroyable vista, d’une parfaite analyse et d’une détermination enthousiaste et sans faille. Elle est à porter au crédit des premiers marcheurs, de ceux qui ont donné corps à une idée, car il n’y a pas de bonnes idées, il n’y a que des exécutions implacables. Tous ces marcheurs qui ont eu la force d’aller frapper à toutes ces portes pour demander à un peuple en colère ce qu’il pense. Il faut beaucoup de force pour appuyer sur un bouton d’interphone à la rencontre d’inconnus qui n’ont rien demandé et à qui on vient parler de politique. Si vous ne l’avez jamais fait, essayez un jour, vous verrez.
C’est aussi la victoire d’une équipe, quelques personnes, talentueuses, jeunes, qui ont fièrement défié 30 ans de certitudes pour finalement les mettre au tapis. Ils forment un premier cercle qui a su porter une campagne présidentielle avec un enthousiasme désarmant et l’insouciance de ceux qui s’attachent à faire marcher les choses plutôt qu’à expliquer pourquoi ça ne fonctionnerait jamais.
Enfin, c’est la victoire d’un homme qui a cru en son destin plus qu’aux probabilités, en lui, plus qu’en la logique, et finalement en la France plus qu’aux experts, et c’est probablement le premier acte politique à inscrire au bilan qui viendra un jour, avoir rappelé aux Français que rien n’est interdit et que ce pays s’offre à ceux qui savent l’aimer farouchement. C’est également la victoire d’un couple qui a bravé la tempête d’une campagne historique en se tenant par la main avec une sincérité qui en a bluffé plus d’un.
Certains diront qu’il n’y a rien de bon à conserver de cette campagne atypique. Au contraire, il y a niché au cœur de ce combat plus sombre que les autres, la possibilité d’un chemin et d’un espoir que l’on pourrait partager au-delà de nos chapelles et qui prend appui sur le roc dont on fait les grandes volontés.
La victoire d’Emmanuel Macron et d’En Marche c’est avant tout celle de l’action et du mouvement, une action qui fait tant défaut à la France depuis que les professionnels de la politique, paralysés par les enjeux de leurs propres carrières, ont décidé de lui tourner le dos pour se contenter de postures. C’est la grande chance de notre pays que de voir arriver à la Présidence un homme d’action qui ne cèdera rien aux symboles d’un pays millénaire mais qui saura dépasser sa carrière pour embrasser son destin.
Voilà ce que les Français attendent, les actes forts d’un homme et d’une équipe gouvernementale qui oseront fendre le corset d’un modèle totalement bloqué pour redonner de l’espace, de la respiration et finalement de la liberté à un peuple qui peut transformer son pays par lui-même. A ce titre, les premiers choix seront capitaux, celui d’un Premier Ministre et d’un gouvernement qui sauront traduire le renouvellement et la recherche pragmatique de l’efficacité par la nomination des meilleurs, c’est-à-dire des plus légitimes à leurs postes sans aucun autre calcul.
Le chemin est étroit, la pente incroyablement raide et les obstacles innombrables, mais voilà, « là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve » et c’est à la lumière de cette loi d’Hölderlin qu’il va falloir éclairer les premiers pas d’un quinquennat qui peut changer l’Histoire. Il faudra de la force, du courage, de la solidarité et l’appui d’un peuple qui aura repris confiance en lui. Il faudra aussi qu’Emmanuel Macron fasse sa part, et d’abord sa part d’audace, cette incroyable audace qui lui a permis de balayer les tenants d’un système politique que l’on pensait immuable à force d’alternance stérile, cette audace qui a catapulté un jeune homme quasiment inconnu il y a 48 mois jusque sur le parvis de l’Elysée, cette audace française qui l’a placé en tête d’un premier tour où tous les pronostics depuis 2 ans nous promettaient l’extrême droite.
De l’audace, il en faudra encore pour renouveler les visages de l’Assemblée Nationale, pour faire entrer la société civile au gouvernement, pour respecter enfin la parité réelle, pour libérer les énergies qui sont enfermées dans 40 ans de cadenassage administratif et de l’audace il en faudra enfin pour faire entrer définitivement la France dans son 21ème siècle et pour lui redonner sa place au coeur d’une Europe au centre du monde. Et c’est avec les mots de l’immense républicain que fut Danton, que nous devrions regarder les cinq ans qui viennent afin de nous souvenir toujours qu’avec « de l’audace, encore de l’audace et toujours de l’audace, la France sera sauvée ! »
Je souscris en tous points à cette réflexion. Et j’ajouterai que la plus belle victoire à espérer de cette nouvelle ère politique serait de voir une plus grande part des français prendre en main les choses qui leur tiennent à coeur et contribuer eux-mêmes à les faire avancer. Ne pas trop attendre de l’homme providentiel, si ce n’est de permettre et d’encourager les initiatives, l’innovation, et la solidarité.
Il faut garder son calme, face à tous ces tristes sires qui promettent des lendemains qui déchantent, et qui les souhaitent, on dirait, plutôt que d’appeler un bel avenir ( je viens de vous voir sur France Info) , et ce calme, vous l’avez, comme tous les LREM, vous tenez le cap. Bravo. Les interviewers font semblant de ne pas voir l’enthousiasme qui est à l’oeuvre. On les plaindrait, si on avait le temps (!) Bonne route.
cordialement C.B. le 13/06
Merci pour votre message Christine !