Le vendredi 8 novembre, un étudiant nantais de 22 ans s’est immolé par le feu pour dénoncer ses conditions de vie. J’ignore totalement la dose de désespoir ou de courage qu’il faut pour mettre le feu à son propre corps mais il est totalement exclu de pouvoir classer ce geste au rang des faits divers. L’acte d’Anas K. est politique et il met en lumière un mal de notre époque, de nos sociétés et de leur modèle de fonctionnement, qui est en train de ronger la France en tant que République démocratique et sociale, mais aussi l’Europe: la précarité.
Pourtant, au fondement de notre modèle économique et social est inscrit la reconnaissance pleine et entière de ce péril et la nécessité de tout mettre en oeuvre pour le combattre. Ainsi, le texte du programme du Conseil National de la Résistance du 15 mars 1944 qui sert de socle au modèle français depuis 75 ans décide notamment ce qui suit:
« La garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ;
Un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail ;
L’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs ;
Une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours. »
Je ne crois pas que l’on ait écrit meilleur programme depuis 75 ans et je ne crois pas que ce qui est écrit ici soit obsolète car ce que proclamait le CNR c’est finalement le respect de la personne humaine mais également que le prix à payer pour le garantir n’est pas négociable. D’ailleurs ces dispositions sont gravées au coeur de notre bloc de constitutionnalité puisque le préambule de la Constitution de 1946 rappelle que « La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement et qu’elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »
Pourtant, 75 ans plus tard, que reste-t-il de ce programme, que reste-t-il de cette promesse ? Passé au tamis des exigences d’un capitalisme financiarisé et d’une économie du ratio optimal, nous avons lentement mais surement déchiré ce pacte-là pour mettre à jour – de compromis en accommodements raisonnables – une matrice où le respect de la personne, la garantie de sa dignité et « la possibilité d’une vie pleinement humaine » sont devenues des variables d’ajustement dans un monde globalisé où nous avons perdu le contrôle. Et si dans le même temps, notre modèle a permis de faire reculer la grande pauvreté, il a créé le précariat, c’est à dire une classe qui porte seule tous les risques de l’instabilité de notre infrastructure financière sans jamais bénéficier d’aucune contre-partie.
Les politiques publiques menées depuis 40 ans ne cessent de tourner le dos à ce programme fondateur pour tenter vainement et inlassablement d’ajuster un modèle qui repose pourtant clairement sur le bénéfice d’un déséquilibre patent et destructeur. Depuis 40 ans, la richesse créée par notre modèle économique n’a jamais cessé de croitre, depuis 40 ans, la répartition de cette richesse n’a jamais cessé de nourrir le déséquilibre dont elle résulte.
Je ne saurai dire quand nous avons oublié qu’il n’existait pas de projet de société qui ne soit fondé sur une espérance commune et sur la garantie pour chacune et chacun de pouvoir subvenir pour soi-même et pour les siens aux conditions d’une existence digne et heureuse, mais ce jour-là nous avons enclenché le compte-à-rebours de la bombe sociale.
Le CNR était composé de toutes les tendances politiques et syndicales de son époque et il a traduit un élan républicain de reconstruction et de concorde nationale historiques dans notre pays en proclamant les plus belles valeurs et les plus nobles objectifs de la politique quand elle se met au service d’un peuple. Ce programme s’intitulait « les jours heureux ».
Derrière ses mots simples se dresse une part de notre identité mais aussi la perspective du gouffre qui désormais nous en sépare. Le jours heureux, voilà bien le seul programme qui vaille si tant est qu’on trouve des femmes et des hommes assez visionnaires, assez intègres et finalement assez courageux pour en faire une politique qui soit capable de vraiment « replacer l’humain au centre » car « l’épée de Damoclès demeurera suspendue, tant que chaque homme ne trouvera pas dans la société sa place, sa part, sa dignité. »
Charles de Gaulle
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Retrouvez ici le texte intégral du Programme du Conseil National de la Résistance
Retrouvez ici le texte intégral du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946
Ces textes sont d’une clarté, d’une force et d’une modernité incroyables. Lisez-les.
C’est comme çà, on y peut rien, vous êtes dans une société du capital, c’est la règle le non respect.
Décidemment X Alberti surfe sur le compassionnel.
Ne nous trompons pas de combat
Bien évidemment, tout acte menant à la mort, qu’il soit le fait d’un tiers ou celui de sa propre personne, est infiniment regrettable.
Et quand on se réfère à l’acte personnel, encore faut-il bien distinguer la cause, entre désespérance et accident, ce dernier parfois conséquence de l’inconscience ou de la stupide provocation. .
Même si, dans le cas qui nous occupe, l’essence ajoute un peu d’originalité, on peut aussi s’interroger sur le fait que ce carburant n’était peut-être pas seul en cause.
Il est certaines substances, largement consommées par ce type d’individus, qui ne manquent pas d’altérer leur discernement.
Il est bien facile, pour les bien-pensants, de rebondir sur l’évènement, émotionnel par excellence.
Mais ouvrons bien les yeux, sans larmoyer.
Cet Anas Kournif n’a pas satisfait son contrat social avec le pays qui l’a accueilli.
Pur produit du ‘’bac pour tous’’, la Société, déjà lui a octroyé ses années de primaire et de secondaire.
Puis lui a ‘’offert’’, grâce à son bac au rabais, l’accès aux études supérieures.
Il a choisi la sociologie !!! Soit la pire voie de garage de l’Université ; il est vrai que l’acquisition du diplôme ne demande ni beaucoup de travail ni beaucoup de génie.
Mais en réalité cet ’’étudiant’’ n’était pas à sa place en fac :
À 22 ans ( !!!) il triplait sa deuxième année. Quelle performance. Quatre années inutiles après le bac.
Le délai pour la grande majorité d’avoir acquis leur diplôme et d’avoir ainsi remercié la Nation et leurs aînés.
Philosophes, (seulement certains), sociologues, médias, (qui font leur beurre sur le sensationnel), politiciens opportunistes, ne manquent pas de pérorer sur ce ‘’drame’’.
Mais ils se plaisent, dans ce contexte de martyr, à ignorer les milliers de suicides de policiers, d’agriculteurs, d’enseignants, de vieillards, pour créer l’icône médiatique du jeune sacrifié.
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Je crois que tout est dit.
Sa seule ambition était l’anarchie, (au service de quelle puissance occulte ?)
Regrettons juste que son Association subversive ne lui ait pas fournit les moyens de survivre comme activiste militant.
Mais l’État Français, qui lui a offert sa bourse pour des conditions, (certes minimales), d’accès à un diplôme, n’a juste fait qu’appliquer les termes du contrat:
Pas de travail, pas de succès, plus de bourse !!!
On n’accorde pas de financement à un étudiant qui occupe son temps à fomenter la révolution.
Reste que la gauche profite à fond de l’aubaine. Malik Oussékine, victime de la ‘’violence ‘’ policière, il y a 32 ans, n’est certainement plus présent dans le souvenir de cette nouvelle génération.
1987, il faudra encore douze ans à Anas pour naître.
Il faut renouveler les martyrs
Ils ont trouvé Rémi Fraisse en 2014 sur le barrage de Sivens et récemment Steve Maia Caniço à Nantes.
Communication subversive, la main sur le cœur, parfaitement en phase avec le miséréré ambiant.
Dans cette déplorable aventure, je n’ai de compassion qu’à l’égard de ces parents que le fils a trompés, en n’assumant pas l’espoir qu’ils mettaient en lui.
Xavier Alberti apparaît décidément comme un imposteur.
Car il n’est ni pertinent et encore moins crédible quand il utilise le cas d’Anas pour larmoyer sur le sort des vrais travailleurs.
Il pleure sur les indécents salaires des gens qui sont dans la vie active. Très bien, pleurons avec lui.
Mais, Monsieur Alberti, stop à la supercherie et à la manipulation. Vous êtes pris en flagrant délit de malhonnêteté intellectuelle.
Anas Kournif ne s’était pas même donné les moyens d’accéder au malheureux sort des travailleurs mal payés.
Le néo-libéralisme, comme on l’appelle, est fondé sur, et justifie, le profit à tout prix.
Il ne s’agit même plus, comme au XIXe, d’un profit principalement tiré de la fabrication de biens de consommation, mais d’un profit tiré de la finance, de jeux de poker financiers dont sont victimes les gens ordinaires, les ‘travailleurs’, de quelque profession qu’ils soient.
Jamais de mémoire humaine nous n’avons eu, partout dans ce monde que l’on dit développé, de tels écarts de richesse entre riches et pauvres.
L’absurde indécence des hyper-riches n’a d’égal que l’impuissance des démocraties à lui imposer des limites.
Quel drôle de monde où l’humain est vampirisé par sa propre création, la finance.
« Le compte à rebours de la bombe sociale… »Oui! Il est enclanché.Comment l’enrayé sans jeter de l’huile sur le feu? Oui! à L’union des visionnaires intègres et courageux pour replacer l’humain au cœur du grand tout qui est notre petite planète. Oui! mais comment? La précarité humaine d’aujourd’hui réunie les mêmes besoins qu’hier: sécurité, dignité,niveau de vie. Oui! L’ épée nous frôle alors,comment retrouver les jours heureux sans exacerber les choses dans les conflits,sans inciter les disputes,sans envenimer les situations.Nous sommes tous quelque part au stade des lanceurs d’alertes mais que faisons nous collectivement en Vrai?Merci à vous, Monsieur Alberti pour le partage programme les jours heureux du 15 mars 1944. Le bon sens on le possède encore, il nous faut le remettre à l’honneur.
Le CNR était composé d’un mélange équilibré entre des responsables politiques dotés d’une vision et des représentants crédibles des corps intermédiaires. Ils avaient pour point commun d’avoir résisté à dictature.
Les corps intermédiaires ont été laminés et les responsables politiques sont désormais aveuglés par le brouillard qu’ils ont eux-mêmes créé. Nous avons laissé faire et même favorisé cette dissolution de la représentativité. Nous allons le payer chèrement.