Le temps des choix

Après un été où nous avons pu de nouveau toucher du doigt la réalité du changement climatique et ses conséquences, non seulement sur notre environnement, mais également sur nos vies, un débat de plus a surgi autour de nos usages et de leurs régulations. Voiture, chauffage, piscines, jets privés, golf, climatisation, chacun y va de sa cible ou de ses comparaisons, pointant systématiquement l’insupportable excès de l’autre. La fin de l’abondance, de l’insouciance et des évidences a même dit le Président de la République. Bref, le temps des sacrifices.

Et finalement tout le monde est d’accord pour que les autres fassent enfin les sacrifices que la situation actuelle et leurs excès passés leur imposent… les autres oui, les autres évidemment, tous les autres, les riches, les ultras riches, les diesels, les agriculteurs, les éleveurs, les skieurs, les golfeurs, les arroseurs, les nageurs de piscine, les Américains, les Allemands et bien sûr les Chinois… Mais voilà, il y a dans cette crise historique et planétaire la conséquence d’excès qui appellent des actions et des transformations historiques et planétaires. Dès lors, il ne s’agit pas de nous quereller pour savoir ce qu’il va falloir sacrifier ou pas, ou pour déterminer dans une sorte d’immense cour de récréation qui doit commencer « en premier ». Il ne s’agit pas non plus de pointer des activités en tentant un palmarès basé sur la différence entre le ratio (carbone x plaisir)/utilité et le ratio (emplois + PIB)/carbone, car ce faisant, nous nous trompons de combat et nous nous trompons de sujet.

Le véritable sujet, ce ne sont pas les activités, les loisirs ou les modes de transport que nous pointons du doigt selon nos propres habitudes, nos propres situations et nos propres intérêts, le véritable sujet tient dans notre comportement et dans la juste conscience de notre comportement. Or, notre comportement quotidien doit réduire son empreinte sur la planète et il doit la réduire constamment et immédiatement. Et oui, volens nolens, cela passera par le fait de réduire nos mobilités, nos équipements, nos stockages de données numériques, nos consommations d’eau et d’énergie, nos loisirs polluants, et de le faire en respectant un principe essentiel d’équité qui impose de réduire plus à ceux qui polluent plus. Cela passera parfois par la loi, parfois par la demande, parfois par l’offre, parfois par l’innovation, souvent par les épreuves, mais cela passera inexorablement par une prise de conscience et une éthique individuelles.

Nous pouvons décider de questionner quotidiennement nos comportements et réduire notre impact sur la planète et le vivant, ou nous pouvons décider de nous battre pour préserver nos habitudes tout en dénonçant celles des autres, en attendant que la catastrophe ou la nécessité nous mettent au pas. Avant le temps des sacrifices, vient donc le temps des choix, non pas ceux que nous voulons pour les autres, mais ceux dont nous sommes capables pour nous-même. Nous pouvons changer. Nous savons changer. Mais voulons-nous changer ? Au moment de répondre à cette question centrale et désormais vitale, rappelons nous que le sacrifice est une offrande et non une privation et qu’il entraine un mouvement circulaire, traduit par cette magnifique formule latine, « Do ut des », « je donne pour que tu donnes à ton tour ». Cela se fera en conscience et par l’action quotidienne de tous. À l’inverse, si nous en restons aux incantations, aux querelles byzantines, au chacun pour soi et au chacun chez soi, alors, nous avons déjà perdu.

4 réflexions sur “Le temps des choix

  1. il n’est jamais trop tard ! et le rythme nécessaire a mettre dans cette transformation ne doit pas être guidé par le rythme politique qui est beaucoup trop lent.

  2. Sans attendre, je viens de changer de chaudière et faire changer celle de mes parents. Concret, non ? 🙂

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